Titre :
Esprit d’hiver
Auteur : Laura Kasischke
Edition
française : Christian Bourgois éditeur 2013 (275 pages)
Traduit
par : Aurélie Tronchet
Titre
original : Mind of winter
Pays : USA
Publié
: 2013
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Pourquoi ce livre ???
Cette lecture rentre dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire 2013
organisés par Priceminister ICI et auxquelles je participe pour la seconde
année consécutive.
Je remercie toute l’équipe de la confiance accordée, et
en particulier Oliver qui veille au bon déroulement de l’évènement.
Mon résumé
Une matinée de Noël qui s’annonce particulière pour
une petite famille américaine.
Holly et son mari Eric ont eu une panne de réveil. En catastrophe, Eric s’en va récupérer ses parents de
l’aéroport, et Holly s’empresse de
préparer le repas de Noël avant l’arrivée de ses autres invités.
La mère et sa fille adoptive Tatiana se retrouvent seules à la maison, et au stresse du retard,
s’est ajouté un blizzard qui poussera les invités à se décommander un à un.
Une journée où les évènements semblent prendre le
dessus, tout va de travers.
L’angoisse de Holly
s’accentue, elle qui s’est réveillée avec une sensation étrange, une phrase qui
résonne en boucle dans sa tête : « Quelque chose les avait suivis depuis la
Russie jusque chez eux », pays où elle s’était déplacée treize ans
auparavant pour adopter sa fille, qui plus est se montre tout particulièrement étrange
et lunatique en ce jour.
Entre l’adolescente et sa maman rien ne va plus…
Mon avis
Une histoire aussi glaçante que le froid de
Sibérie !
Quand j’ai vu la liste proposée pour les matchs de
Priceminister, ce livre s’est imposé comme une évidence, d’une part du fait que
depuis un moment je souhaitais découvrir cette auteure qui fait de plus en plus
parler d’elle, et d’autre part, j’étais intriguée par le fait que le livre soit
sorti en France avant sa publication aux États-Unis.
Eh bien, je ne peux pas dire que la plume de Madame Kasischke m’ait laissé indifférente.
Un petit volume que je pensais lire en une traite mais
que je n’ai pourtant pas lu si rapidement, tant le besoin de souffler m’était
indispensable.
Il faut dire que je ne savais pas du tout à quoi
m’attendre, et tout au long de ma progression j’ai eu du mal à savoir ou cela
allait m’emmener, je n’ai même pas été en mesure de statuer sur le genre littéraire
dont il était question : Epouvante, horreur, surnaturel, fantastique,
thriller !!!?
L’auteure m’a mené par le bout du nez.
Au tout début, une ambiance assez bizarre, rythmée par
une phrase dérangeante, « Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque
chez eux… », qui me donnait des frissons dans le dos. J’avais
peur, je me suis posée beaucoup de questions, j’ai redouté ma rencontre avec « la chose », je sentais une
présence dans cette maison.
Moi, Holly et sa fille Tatiana, nous n’étions pas seules.
Pourtant au fur et à mesure de ma progression, j’ai
commencé à douter, et si ce n’était pas de « la chose » dont je devais avoir peur !!?
Et à partir de là mon mal être s’est installé,
enraciné définitivement, pour ne plus me quitter qu’une fois le livre fermé. Ayant
totalement perdu confiance en les deux héroïnes devenues malsaines et
menaçantes, j’ai poursuivi ma lecture crispée
jusqu’à la chute vertigineuse débouchant sur une fin inattendue.
Bluffant !!
Des références cinématographiques pourraient illustrer
le style mais je m’abstiendrai de les citer afin de ne rien ôter de l’intérêt
de cette lecture.
Ce roman est une histoire qui se lit à l’envers, un
livre qui vous claque à la dernière page et qui vous demande de remonter le
temps, de rembobiner le film pour que le tout trouve enfin son sens.
Il est écrit dans un style simple, mais le choix
narratif est assez particulier, quasiment pas d’actions, mais énormément de
suspens, les vas et viens incessants entre les souvenirs et le présent donnent
le tournis et accentuent le sentiment d’égarement, la tension psychologique est
permanente.
Le huis clos entre la maman et sa fille est asphyxiant,
et l’enfermement imposé par la tempête amplifie la sensation d’isolement.
Quand l’auteure se met en tête de faire peser son
récit, je peux vous dire que c’est une réussite. Dans ces moments-là, les
longueurs et les répétitions alourdissent et ralentissent la lecture au point
d’avoir l’impression de tourner en rond.
Lassitude, malaise et boule au ventre n’auront pas
suffi à prendre le dessus sur mon envie de comprendre, bien que j’aie à
plusieurs reprises souhaité abandonner. C’est à ce moment-là que j’ai compris
le tour de force que l’auteur était en train de réaliser.
Ce ne fut franchement pas une lecture facile pour moi,
j’ai vécu une asphyxie littéraire, une sensation au-delà de l’oppression, mais
ce fut tellement bien mené que je suis obligée d’admettre le talent.
L’auteure est une manipulatrice, si vous vous pensez
plus forts, ce livre est fait pour vous.
Un roman qui dissèque la psychologie humaine et qui
traite de thématiques très sensibles qui suscitent la réflexion du lecteur à
condition d’avoir la force d’endurer l’ambiance suffocante qui surplombe l’histoire.
Lecture oppressante |